Allaiter un bébé sans avoir accouché
Dans quels cas une maman peut-elle allaiter le bébé d’une autre sans avoir accouché ? Quels sont les risques ? Voici notre dossier sur le sujet.
Le lait maternel est l’aliment par excellence du nourrisson. L’OMS encourage d’ailleurs les mamans à allaiter leur bébé exclusivement les 6 premiers mois de leur vie, et à poursuivre l’allaitement même après la diversification, jusqu’à 2 ans et plus. Beaucoup d’études prouvent aujourd’hui les bienfaits de l’allaitement sur le microbiote et le développement de l’enfant. Mais, ce n’est pas toujours possible ...
Comment nourrir le bébé d’une autre maman avec son lait maternel ?
L’allaitement n’est pas nécessairement lié à une grossesse ou un accouchement. Eh oui ! Nourrir un enfant au sein n’est pas uniquement réservé aux mères biologiques. Un bébé peut être nourri de lait maternel par une mère adoptive ou une nourrice.
C’est sous l’effet de la prolactine (production de lait) et de l’ocytocine (libération du lait) que la lactation se met en route. Et, ces deux hormones ne sont pas produites seulement lors d’une grossesse.
Ce qui induit qu’une femme peut donner le sein même dans les cas suivants :
● Période de pré-ménopause ou de ménopause.
● Après une hystérectomie (retrait de l’utérus).
● Dans l’impossibilité d’avoir un enfant.
La première action est de stimuler le mamelon. Cependant, cette seule sollicitation ne suffit pas à déclencher la lactation. Il est nécessaire de parcourir un vrai chemin de réflexion et de préparation psychologique. Le désir profond d’allaiter un enfant qui n’est pas né de son propre corps doit être réel.
D’un autre côté, la production de lait maternel est possible si l’enfant en manifeste lui aussi l’envie. Certains nourrissons peuvent refuser le sein d’une autre femme, dans ce cas, il est possible de se renseigner auprès d’un lactarium et de donner du lait maternel au biberon.
D’autres enfants ont des difficultés au niveau de la succion, dans ce cas, la stimulation est plus difficile et la lactation ne se fait pas au mieux. Un pédiatre, une sage-femme ou un ostéopathe peut être d’un grand soutien.
Dans le cadre d’une adoption notamment, des mamans se préparent physiologiquement et émotionnellement à l’accueil de leur futur bébé et réussissent à l’allaiter avec patience et persévérance.
Voici ce qui peut aider à stimuler la mise en route de la lactation quand on n’a pas mis au monde l’enfant que l’on veut nourrir :
● Avoir son enfant contre soi le plus souvent possible (portage en écharpe, dormir près de lui en cododo…).
● Allaiter à la demande en fonction des besoins de son tout-petit.
● Stimuler ses mamelons dans une période de calme et de repos en respirant un vêtement qui porte son odeur.
● Utiliser un tire-lait quand la lactation se met en route pour la stimuler un peu plus.
● Boire beaucoup d’eau, comme celle de Mont Roucous, tout indiquée pour les nourrissons et leur maman.
● Boire des tisanes à base de fenugrec et de fenouil.
Comment donner du lait maternel à un bébé que l’on ne peut pas allaiter ?
Les différents moyens de donner du lait maternel à un nourrisson
L’OMS liste ainsi les options possibles pour nourrir un bébé, la première étant la plus recommandée et la dernière, la solution à appliquer en cas d’impossibilité de nourrir un bébé avec du lait maternel :
● La prise de lait au sein de la mère. C’est évidemment la solution à privilégier, mais elle n’est pas toujours facile à appliquer.
● Nourrir un bébé avec le lait tiré par la mère. Dans le cas de l’impossibilité de téter, un nourrisson peut être nourri par un dispositif spécifique ou encore au biberon.
● Proposer à un bébé le sein d’une nourrice en bonne santé. C’est une solution peu connue en France, mais plus répandue en Grande-Bretagne.
● Offrir du lait de lactarium.
● Le lait artificiel arrive lui en cinquième position. C’est la solution de dernier recours d’après l’OMS.
Bien entendu, il n’est pas question d’émettre un jugement ici, simplement de vous transmettre des informations qui peuvent vous aider dans votre réflexion et dans votre projet de naissance ou d’adoption par exemple.
Le partage de lait informel
Le partage de lait informel qualifie le fait, pour une femme, de partager gratuitement son lait avec une autre. Cela peut prendre la forme d’un don, mais cela peut aussi être proposé par un allaitement croisé (ou « cross nursing » en anglais) notamment.
Dans ce dernier cas, une mère va allaiter son enfant et celui d’une autre maman qui n’est pas en capacité de le faire. C’est, en somme, ce qui était très pratiqué par nos grands-mères et arrières grands-mères, surtout durant les périodes de guerres. Même bien avant cela d’ailleurs.
Cette pratique ancestrale était plutôt réalisée dans le cadre familial. Aujourd’hui, elle est plutôt montrée du doigt quand elle n’est pas effectuée dans un environnement sécuritaire.
Les banques de lait
Les femmes qui choisissent de donner leur lait à un lactarium doivent, quant à elles, se soumettre à un processus de dépistage. Cela permet d’assurer qu’elles ne sont pas porteuses d’un virus et qu’elles ne consomment pas de médicaments, de drogues ou d’alcool.
Elles doivent, en outre, suivre des procédures d’hygiène rigoureuses lors du recueil du lait, de sa manipulation et de son transport. Celui-ci est ensuite pasteurisé afin d’éviter les transmissions d’hépatites, du SIDA ou de la COVID-19.
Donner du lait maternel d’une autre maman : quels sont les risques ?
Comme pour toute chose, il existe des risques et des dérives à cela. Il est possible aujourd’hui de trouver du lait maternel en vente sur les réseaux sociaux ou par des petites annonces. Il est évident que nous déconseillons cette pratique qui engage des femmes à monnayer leur lait parfois au détriment de leur propre enfant.
Une étude américaine révèle que 74 % des échantillons obtenus sur Internet contenaient des taux bactériens supérieurs aux normes des banques de lait. De plus, 10 % des échantillons présentaient une concentration d’ADN bovin assez élevée pour supposer qu’un produit de lait de vache y avait été ajouté.
Au-delà de la morale, il y a aussi des insécurités à se procurer du lait maternel par ce type de circuit. Effectivement, lorsque l’on ne connaît pas la donneuse personnellement, il est difficile d’évaluer les possibilités que son lait soit infecté par un virus comme celui du VIH ou de l’hépatite C.
Il est établi qu’il existe un risque que ce type de virus se transmettre par le lait maternel. Pour le VIH, par exemple, il est de 30 %. Information de taille quand on sait que 50 % des enfants atteints de ce virus meurent au cours de leur première année de vie.
Les parents qui désirent avoir recours au partage de lait de façon informelle peuvent recourir à différentes méthodes pour minimiser les risques :
● Demander les informations suivantes à la donneuse : sérologies, usage de médicaments, de tabac, d’alcool, de drogues
● S’assurer de l’hygiène autour du recueil du lait, de son stockage, son transport ou encore son acheminement.
● Utiliser une méthode de pasteurisation avant de donner le lait.
On peut affirmer que les réseaux sociaux ont cet effet positif de démocratiser des pratiques tout à fait honorables depuis quelques années. Certaines personnalités et organisations en faveur de l’allaitement se mobilisent d’ailleurs pour parler du don de lait. Si vous êtes dans l’impossibilité d’allaiter votre enfant, suivez à la lettre les conseils de la Leche League et du lactarium le plus proche de chez vous afin de vous assurer de le nourrir en toute sécurité.
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