Vous avez dit motricité libre ?

Qu’est-ce que la motricité libre ?

Emmi Pikler, pédiatre hongroise, est convaincue que le bébé est un être doué de sensibilité et capable de se développer tout seul, sans l’intervention d’un adulte. Elle prône alors ce principe dans son lieu de travail, une pouponnière de Budapest.

Les petits enfants peuvent évoluer librement et cela lui permet de confirmer ses hypothèses. Le développement moteur des enfants s’acquiert naturellement et dans un ordre bien précis quand l’adulte n’interfère pas dans l’évolution. Elle constate de nombreux autres bienfaits qu’on développera dans la partie suivante.

Quels sont les bienfaits de la motricité libre pour votre enfant ?

La motricité libre a de nombreux bienfaits qui sont désormais prouvés. En premier lieu, le développement moteur de l’enfant se fait à son propre rythme (et chaque bébé est différent). En dehors de pathologies particulières, chaque enfant arrivera à la marche et à une motricité développée.

La motricité des enfants est bien plus précise grâce à la motricité libre, car il va naturellement explorer lui-même ses propres capacités et les incroyables fonctions de son corps.

Cela lui apporte également une bonne santé physique, car un bébé bouge instinctivement. Lorsque le bébé est souvent entravé dans sa motricité (transat, parc, position assise bloquée et non acquise…), il sera moins apte à le faire en grandissant.

Grâce à la motricité libre, il va développer une confiance et une estime de soi plus profondes. Il va tester seul ses capacités et ses limites et saura ensuite estimer s’il est capable ou pas de faire de nouvelles choses. Les tests et “échecs” qu’il pourra rencontrer dans son développement moteur seront une bonne base pour la construction de sa propre connaissance de soi.

Il prendra aussi confiance en son entourage. Les adultes qui se seront occupés de lui auront permis de développer la confiance en l’autre. Ses relations seront donc plus sécuritaires.

À long terme, ce sont des enfants, adolescents et adultes qui peuvent souvent naviguer plus sereinement dans la vie et dans leurs relations. 

Comment pratiquer la motricité libre à la maison ?

Les nombreuses offres en puériculture peuvent vous interroger sur ce dont vous avez besoin pour laisser votre bébé explorer la motricité librement.

En réalité, rien n’est indispensable et voici quelques conseils de base pour accompagner votre enfant en motricité libre.

Un environnement sécuritaire

Que ce soit pour le petit bébé qui cherche à se retourner ou pour le plus grand qui marche et explore, il faut en premier lieu un espace sécuritaire. Pour laisser l’enfant en motricité libre, on optera pour un tapis confortable et stable sur lequel il aura suffisamment d’espace pour se retourner ou chuter quand il cherche à se mettre assis ou debout.

On va également sécuriser les escaliers, les portes et les différents meubles et objets qui peuvent être instables. Si on veut que notre enfant puisse se déplacer librement dans la maison, une surveillance constante est nécessaire.

De plus, ce n’est pas parce que vous pratiquez la motricité libre avec votre enfant qu’il faut le laisser seul sur son tapis ou dans l’espace de vie. Votre présence, votre surveillance sont indispensables. C’est ainsi qu’il va acquérir votre confiance.

L’appropriation de son corps

Afin que votre bébé puisse évoluer librement, pensez à l’habiller avec des vêtements confortables qui n’entravent pas ses mouvements. Des vêtements amples (mais pas trop) et souples seront à privilégier.

Laissez-le également pieds nus au maximum. Cela va lui permettre de muscler son pied et sa cheville et de mieux appréhender la position nécessaire pour bien pousser sur ses pieds pour se relever puis pour marcher.

Si le sol est froid, vous pouvez lui mettre de petits chaussons souples (souvent en cuir). Ils ont les semelles fines et tiennent bien le pied.

Dans l'eau aussi, la motricité libre a toute sa place. Alors bien sûr, il faut sécuriser son environnement mais il est possible de pratiquer le bain libre en mettant un fond d'eau dans la baignoire familiale. 

La confiance

Pour une bonne motricité libre, apportez toute votre confiance à votre enfant. S’il sent votre soutien, votre bienveillance, il saura trouver en lui les solutions pour évoluer à son rythme.

Offrez-lui aussi toute votre attention lorsque vous êtes présent. En effet, c’est avec vos encouragements et votre attitude qu’il pourra aussi oser progresser.

Cette relation de confiance se construit aussi à d’autres moments dans vos échanges avec votre bébé. Ainsi, lors du change, du bain, des repas, expliquez-lui ce que vous faites et laissez-le vous aider quand il en a envie et qu’il est capable. Chaque petit geste sera utile pour sa confiance et son développement moteur.

Le minimalisme

Y a-t-il besoin d’accessoires et autres jouets pour pratiquer la motricité libre ? La réponse est non, en dehors d’un tapis comme indiqué plus haut. Cependant, certains objets peuvent être utiles et intéressants pour accompagner votre enfant.

Pour les premiers mois, lorsque votre enfant est sur son tapis d’éveil, vous pouvez simplement disposer quelques jouets et peluches autour de lui pour le motiver à tourner sa tête et chercher à se retourner. Cela lui donnera aussi envie de les attraper. On évite par contre les mobiles et arches qui peuvent le laisser plus facilement dans une position statique d’observation.

Quand votre enfant est plus grand, vous pouvez opter pour de grands jeux de type ballons ou vélos afin qu’il développe sa motricité globale corporelle. Pour accompagner le développement de sa motricité fine, attisez sa curiosité avec des jeux d’encastrement et de construction.

C’est tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour pratiquer la motricité libre avec votre petit.

Le minimum d’aide

La motricité libre porte bien son nom, l’enfant fait seul. En tant qu’adulte, on peut être pressé de voir l’enfant évoluer et on cherche alors à l’aider, voire à lui apprendre. 

Ainsi, laissez-le trouver seul une solution pour sortir ce bras coincé quand il se retourne, trouver les bons appuis pour se relever, etc. Cependant, pas de laxisme non plus. Quand vous sentez qu’il n’a pas encore acquis la compétence et qu’il est bloqué, voire qu’il commence à s’agacer ou à pleurer, venez-lui en aide. Une fois de plus, vous construisez votre lien de confiance qui est indispensable.

Ne mettez jamais votre bébé ou votre bambin dans une situation qu’il ne peut pas maîtriser ou comprendre, ou qu’il n’a pas acquise. On bannit alors la position assise calée avec des coussins quand il ne tient pas encore seul. On évite aussi de le faire marcher les bras en l’air en lui tenant les mains, cette position l’empêche de trouver le juste équilibre dont il a besoin pour faire seul.

La patience

Une dernière qualité à mettre en avant pour bien accompagner votre bébé en motricité libre, c’est la patience. La vôtre, qui l’aidera à développer la sienne. En effet, chaque enfant va grandir à son rythme. Peu importe qu’il se relève à 7 mois ou passé son premier anniversaire, il arrivera à marcher quand il sera prêt (sauf problématiques spécifiques évidemment). Laissez-lui le temps dont il a besoin.

La motricité libre permet donc au nourrisson de se développer à son propre rythme. Il acquiert les compétences dont il a besoin au moment qui est juste pour lui. De plus, sa relation à lui-même, à vous parents et aux autres sera plus confiante, sereine et stable.