Le post-partum : une période tumultueuse pendant 3 ans ?
Le post-partum est le nom donné aux semaines qui suivent l’accouchement d’une femme. Quels chamboulements entraîne-t-il ? Réponses dans cet article !
Qu’est-ce que la période post-partum ?
La durée traditionnelle du post-partum
Selon les médecins, la définition officielle du post-partum est la période qui démarre à la sortie du placenta pendant l’accouchement et qui se termine au retour de couches (c’est-à-dire des premières règles qui réapparaissent).
La durée de cette phase peut aller d’environ 6 semaines à deux ans et demi selon les femmes. La fourchette est large et dépend de beaucoup de facteurs. L’allaitement prolongé engendre souvent un retour des règles plus tardif.
La vision d’Anna Roy : le post-partum dure 3 ans
Anna Roy, sage-femme, autrice, militante, podcasteuse et chroniqueuse TV, a une vision un peu plus large de la période post-partum. Et surtout, selon elle, il faut voir cette période au-delà de la partie médicale et physique. Elle a notamment écrit le livre “Le post-partum dure 3 ans”. Elle y évoque toutes les conséquences de la venue d’un enfant dans la vie d’une femme et d’une famille.
En effet, les conséquences sont médicales, physiques, mais également psychologiques et sociétales de son point de vue. D’ailleurs, de plus en plus de spécialistes de la périnatalité s’accordent aussi sur sa vision.
Quelles sont les différentes étapes du post-partum ?
Avec ces définitions différentes, on peut s’accorder à découper le post-partum en trois grandes phases que voici.
Le post-partum immédiat : les premiers jours après l’accouchement
Le post-partum démarre une fois le placenta libéré. L’accouchement prend fin et la femme est devenue mère. Dans les premiers jours qui suivent ce moment unique, de nombreux changements arrivent encore.
Le corps est totalement chamboulé après neuf mois à créer un futur humain et à porter son poids. Le ventre est vide, les lochies (ces saignements importants) débarquent, les tranchées peuvent être violentes. Et en plus de cela, un petit bébé est arrivé, dont il faut s’occuper, jour et nuit. La mère peut aussi l’allaiter et ce dernier a un sommeil qui lui est propre, toujours bien éloigné du cycle jour/nuit des adultes.
La fatigue est grande et cela joue beaucoup sur les ressentis émotionnels de la nouvelle maman. C’est souvent accentué aussi par les changements hormonaux qui se produisent à ce moment-là. Il est donc fréquent que, pendant quelques jours, le baby blues fasse partie de votre vie. Pas d’inquiétude majeure à avoir si cela cesse dans les 3 semaines maximum après l’accouchement.
Le “quatrième trimestre” : jusqu’aux 3 mois de bébé
Passé les toutes premières semaines, beaucoup s’accordent à dire que les 3 mois qui suivent l’accouchement, souvent appelé “quatrième trimestre” sont spéciaux. C’est en général à ce moment-là que l'on envisage la fin du post-partum.
Il faut bien trois mois aux nouveaux parents pour faire connaissance avec leur bébé, pour découvrir toutes les nouveautés qu’implique la parentalité (même si ce n’est pas leur premier enfant, chacun d’entre eux étant différent).
Les nuits sont souvent hachées, le rythme peut être décousu, il est nécessaire de se donner le temps de mettre en place une nouvelle organisation qui prenne soin de chaque membre de la famille. Et ce n’est pas chose aisée.
Un post-partum de 3 ans : quels enjeux ?
Anna Roy nous expose donc une vision plus longue encore de cette période du post-partum. En effet, pour elle, trois années sont nécessaires pour traverser les bouleversements qui surviennent avec l’arrivée d’un enfant.
3 ans, c’est aussi l’âge auquel l’enfant rentre en général à l’école. Il a donc passé une étape importante dans son développement et donc ses parents aussi.
Pour la sage-femme, les chamboulements physiques et psychologiques vont bien au-delà de quelques semaines ou mois. On constate en effet que beaucoup de couples se séparent dans les premières années de l’enfant, tellement l’arrivée de celui-ci a pu perturber leur équilibre et leur façon de vivre.
De plus, 10 à 30% des mamans vont souffrir d’une dépression post-partum (les médecins s’accordent à la qualifier ainsi quand elle survient dans les 2 premières années après l’accouchement). Le suicide est la seconde cause de mortalité maternelle. Il est donc primordial de prendre soin des femmes et de les accompagner au mieux dans cette délicate période qui suit l’arrivée de leur enfant.
Comment vivre son post-partum le mieux possible ?
Quelles difficultés du post-partum sont “normales” ?
Les nouveaux parents peuvent se sentir submergés par toutes les nouveautés et tous les chamboulements que provoque l’arrivée de bébé. Quelles sont les difficultés du post-partum qui sont normales, mais dont on n’a pas toujours conscience avant qu’elles surviennent ?
La fatigue intense liée au sommeil chaotique d’un nouveau-né est la principale difficulté rencontrée. En effet, elle entraîne beaucoup de désagréments dans son sillon. Humeur changeante, patience émoussée, émotions exacerbées sont des conséquences fréquentes d’un manque de sommeil important.
Les changements du corps de la nouvelle maman sont aussi difficiles à vivre. Le ventre est vide, l’utérus doit reprendre sa taille et sa place, les lochies ne sont pas très agréables. On manque de tonus, il y a le périnée à rééduquer avant de reprendre une activité sportive intense (si on le souhaite, sinon, n’hésitez pas à faire du sport doux tels yoga et stretching lent).
Les variations du moral peuvent être fréquentes. Elles n’ont rien d’inquiétant si elles ne durent pas trop dans le temps et si elles ne sont pas trop importantes. Dans le cas contraire, consultez rapidement votre professionnel de santé.
Les bonnes informations à connaître en amont du post-partum
L’information est partout maintenant, et les réseaux de femmes qui pouvaient être présents autour de la nouvelle maman il y a encore si peu de générations s’étiolent. Les nouveaux parents sont parfois isolés et reçoivent peu d’informations de leur entourage.
Demandez à votre sage-femme ou votre médecin qui vous suit toutes les informations nécessaires pour vous préparer au post-partum. Il n’y a pas de question bête, osez les poser. Pensez aussi à consulter les blogs spécialisés ou des livres, des comptes de réseaux sociaux qui peuvent vous apporter des informations éclairées.
Comment s’entourer et obtenir le soutien nécessaire pour bien vivre le post-partum ?
Quand on devient parent, on peut imaginer être capable de tout affronter. Il y a tellement de millions d’années que l’humanité existe, ça ne doit pas être si difficile, non ?
Et pourtant, parfois, la réalité est bien loin de l’imaginaire qu’on a pu se faire durant la grossesse.
Si vous avez besoin d’une pause, de repos, de soutien au quotidien, entourez-vous. N’hésitez pas à créer un groupe d’amis ou de famille qui peuvent vous apporter du réconfort et de l’aide au quotidien. Quelques plats déjà prêts, une heure de temps de garde de bébé pour une sieste, une douche ou un rendez-vous… Il y a de nombreuses façons de soutenir les jeunes parents, et particulièrement la nouvelle mère.
Vous pouvez aussi aller à la rencontre de professionnels ou d’autres jeunes parents : LAEP (lieu d’accueil enfant parent), sage-femme, PMI, médecin, doulas. Il existe de nombreuses propositions autour de vous.
En bref, le post-partum peut s’étendre au-delà du retour de couches et provoque de nombreux changements qui peuvent déstabiliser la maman et la famille dans son ensemble. Être bien informée et bien entourée avant et après l’accouchement est donc indispensable pour que cette période soit vécue de la meilleure des façons par la jeune maman et ses proches.
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